Journal d'un insensé
J'ai déchiré deux de tes feuilles, doux journal. Elles ne t'étaient pas destinées, je les ai noircies pour une personne qui ne les mérite sûrement pas...
Les lirait-elle? Je n'en sais rien... mais ce qui est sûr c'est que je les ai noircies de mon sang, avec mon cœur comme encrier... J'y ai gravé ce qui traînait au fond de moi depuis une année... Et dire qu'une année passée, noyée dans toute une vie, s'envole à ne plus y voir que feinte traînée d'événements plus ou moins frappants... Je n'arrive pas à tous les saisir mais mes bleus en racontent les détails. Comme je suis heureux de ne pas avoir de miroir assez grand pour les voir...
Ceci dit, restons-en là, j'ai tant à te raconter...
Et comme tu m'avais manqué! Je ne t'avais pas conté contes depuis des semaines déjà... et il faut dire que j'en ai bien une nouvelle qui te surprendrait.J'ai passé la soirée avec une personne qui m'a ensorcelé...On s'est assemblé autour d'un café puis autour de quelques verres qui n'ont pas manqués d'explorer les fonds de ses pensées... Il m'honore quand les gens s'ouvrent à moi sans me connaître. Cela me rend foi en moi-même, je n'en suis que trop flatté...
J'ai senti quelque chose cette fois. Pour de vrai, je te l'assure! Tu ne me crois pas, n'est ce pas? Et bien, les papillons dans mon estomac te l'auraient confirmé, mais bon... ils sont enfermés dans mon estomac et cela me ferait plutôt mal de l'ouvrir pour les faire témoigner. Peut être une autre fois!
Je me demande si ceux qui se ressemblent s'assemblent vraiment... Je commençais à en douter, pour ne rien te cacher...J'avais eu cette envie de la serrer contre moi et de la rassurer, mais il n'était sûrement ni temps, pour cela, ni lieux... Espérons qu'il ne tarderaient plus, je sais qu'ils marqueront la fin de ce train de malheurs qui se projette sur mes jours et mes nuits depuis plus longtemps que je ne puis me rappeler...Elle me ravissait de tout regard et de tout geste... Plus noble que le velours de la couronne royale... Plus fière qu'un bouc, aux montagnes, se dressant... Plus douce que le timide ruisseau... Plus intouchable que la sainte mère... Et comme la toucher m'aurait comblé si mes bras ne m'en tombaient pas autant d'impuissance...
Je voulais tisser ma toile autour de cette splendeur, la posséder, la garder pour moi mais je voulais laisser le temps me répondre et quel cruel maître me fut-il...
Je l'ai escorté à sa demeure et à ses pieds poussa verdure quand elle descendit de ma fébrile monture...
La même verdure qui a poussé dans mon cœur le jour ou je l'ai vue...Et j'en subsiste et j'espère et comme cet espoir me couvre de joie...